Et si la gestion de la dette technique était une affaire de gestion de l’humain ?

La dette technique est un sujet bien connu des développeurs web parce qu’elle touche à la qualité du code, mais aussi à la qualité de leurs conditions de travail.

Ce qui fait l’expérience et le niveau d’un développeur c’est aussi le niveau de sa réflexion sur la dette technique. Si la dette technique n’est généralement pas abordée dans les programmes des cursus de formation des développeurs, ils viennent tous à s’y intéresser rapidement.

Drakkar Numérique prépare la 18eme édition des Rencontres Interactives, et nous avons demandé à Mickaël DEFFONTAINE de nous présenter une conférence sur ce sujet primordial. Il a accepté. C’est donc avec une grande joie que nous vous annonçons sa venue au Dôme le 06 juin prochain.

En teaser de sa conférence, Drakkar Numérique s’est rendu auprès de Mickaël pour en savoir plus sur sa vision de la dette technique…

DN : Bonjour Mickaël. Les Normands te connaissent bien, tu fais partie des piliers de la communauté des développeurs Drupal depuis le siècle dernier et tu t’impliques fortement dans l’associatif autour du web rouennais. Que fais-tu en ce moment ?

Mickaël : Je continue ma carrière de développeur web Front et Back, mais depuis peu au sein de la société Imagospirit dont je suis le co-gérant.

DN : Pour commencer tu peux nous préciser ce qu’est la dette technique ?

Mickaël : C’est une notion de « dette » dans le contexte financier transposée dans le contexte du développement et qui induit une question majeure : doit on payer humainement en temps cette dette ?

DN : Pourquoi elle est inévitable ?

Mickaël : La dette technique est inévitable aux regards de deux pôles d’un projet :

  • le pôle technique : qui induit une évolution constante des technologies, des APIs, des services, etc…
  • le pôle humain : une mauvaise gestion de projet, des équipes, des besoins entraînent de mauvais choix techniques et une maintenabilité douloureuse.

DN : Pourquoi traiter la dette technique ?

Mickaël : C’est un sujet passionnant. Je me suis vite rendu compte que ce sujet allait au delà du coté « technique » et qu’il n’était pas uniquement réservé au développeur. Il concerne chaque acteur d’un projet et peut être désamorcé en partie avec des solutions humaines.

DN : Quels sont les signes de la dette technique ?

Mickaël : En général, ce sont des projets que l’on repousse, sur lesquelles on veut difficilement revenir, parce qu’ils vont nous « coûter » du temps.

DN : En tant que développeur, comment faut-il se positionner dans sa relation à l’autre pour bien gérer son travail ?

Mickaël : Nous passons beaucoup de temps sur nos machines et produisons beaucoup de « virtuel ». C’est pour cela que la relation à l’autre (qu’il soit client, chef de projet, ou autres) devient très vite une valeur sure et un moyen de produire du concret, de l’humain. Je peux dire par expérience qu’un projet où il y a des enjeux humains (une bonne communication, une hiérarchie moins oppressante, très peu d’intermédiaire) favorise une meilleure gestion du travail et peut permettre de surmonter plus facilement certains enjeux techniques.

DN : En quoi l’expérience influence la gestion de la dette ?

Mickaël : L’expérience est primordiale. Elle est là pour nous rappeler à chaque instant que nos choix ont des conséquences. Nous prenons des décisions en fonctions de celle-ci. Et cette expérience nous permet de rajouter une touche de « durabilité » et de « maintenabilité », deux notions très abstraites lorsque l’on débute.

DN : Et le futur de la gestion de la dette technique c’est quoi ?

Mickaël : À l’heure du deep learning et des intelligences artificielles, nous allons nous apercevoir qu’il n’y a pas de formule magique à appliquer. Il y aura peut être des machines ou des programmes qui seront en charge de traiter la dette technique. Mais comment traiter un sujet qui induit autant d’humain dans ses réponses. Bref, le futur c’est nous, les hommes, avec nos nouvelles manières de travailler.

DN: Merci Mickaël. Nous te donnons rendez-vous le 06 Juin prochain au Dôme.

Retrouvez Mickaël sur Twitter :  @laborouge